Au revoir Etienne
Je crois que tu ne souhaites aucun discours à ton inhumation, car comme d'habitude tu veux rester modeste. Alors, sur le blog loupy au moins, et au nom de tous les copains du club, voici quand même ce qu'il me reste, ce qu'il nous reste à te dire, sacré vieux copain :
Etienne, ta dernière farce n'est pas drôle! Toi qui aimais tant nous jouer des tours, histoire d'égayer nos réunions et nos sorties vélo, ta sortie définitive et prématurée laisse un grand vide dans notre triste peloton, et on aura beau appuyer sur les pédales, le trou sera impossible à boucher. Je sais bien que ton échappée va te permettre de retrouver ton fils Philippe, notre père fondateur Maurice Vauchel, notre ami cyclo allemand Werner, et tant d'autres qui t'étaient chers, mais quand même, tu aurais pu nous attendre encore un peu, au rendez-vous des cyclos ! Il y aurait eu encore bien des étapes à parcourir ensemble. On aurait pu encore te faire quelques poussettes dans les raidillons. Tu aurais pu encore animer notre grupetto de tes plaisanteries joyeuses et de tes mots sympas. Il y avait encore bien des lots à récupérer pour le club, Monsieur Loto ! C'est dommage qu'on ne puisse plus chanter ensemble "Z'avez pas vu Mirza ?" Cela avait été quand même un beau tandem !
Et puis, quand même, tu aurais pu attendre de voir enfin un français s'emparer du Maillot Jaune, ou de voir encore passer le Tour en Normandie ! Bref, tu aurais dû rester groupé dans nos sorties Loupycyclo, au lieu d'aller faire ton échappée en solitaire, sur un parcours mal balisé...
Mais nous ne t'en voulons pas, car nous savons que tu as réussi à vaincre la dernière et terrible Côte, celle qu'il t'a fallu escalader petit-plateau-grand-pignon, au prix hélas de mille souffrances, dans un ultime effort où aucun de nous ne pouvait plus te soulager, et que tu es venu à bout de cette Ascension avec le courage et la dignité qu'on te connaît.
Nous savons aussi que maintenant tu peux enfin dérouler en douceur, jouer de la roue libre, les mains en haut du guidon, en sifflotant comme Yves Montand sur sa Bicyclette... Le plus dur est derrière toi, ta Grande Boucle est bouclée, et tous les cyclistes savent que l'Eternité ne peut se présenter qu'en un faux-plat gentiment descendant...
Nous sommes donc bien obligés de te laisser filer devant, mais notre petit peloton garde de toi le meilleur : ton bon esprit, ton humour, ton sens profond de l'amitié et de la solidarité. C'est pourquoi nous continuerons à faire mouliner cette chaîne de l'amitié, dont tu étais et tu restes un maillon fort. Nous continuerons, c'est promis, à porter au sein du club tes couleurs et tes valeurs, que tu ne manquais jamais de rappeler fermement : camaraderie, bonne humeur et entraide, fidélité à l'esprit loupycycliste. C'est grâce à toi que cet esprit continue à perdurer, au sein des sorties club comme des brevets interclubs, où tout le monde te connaissait et t'appréciait.
Tu peux donc maintenant continuer, Cher Etienne, à filer en douce sur ta pente douce, en croyant nous avoir définitivement semés; mais ne fais pas le malin et ne sois pas inquiet : nous finirons bien un jour par recoller à ta roue et te rattraper, et par tous nous retrouver, après la grande Arrivée...
Michel B.